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Histoire de Riaz

De l'occupation romaine au Xe siècle

(Extraits du Mémorial fribourgeois)

Riaz, qui s'est distingué à travers les âges, nous laisse une histoire glorieuse qui attire et suscite l'admiration par les événements dont il fut le témoin et son cortège d'hommes célèbres formé de chevaliers de Malte, d'évêques, de magistrats et de savants dans différentes branches du savoir humain.

Une roue d'argent, à six ou huit rayons, s'épanouit comme une reine-marguerite sur un champ de gueule, couleurs de l'évêché de Lausanne dont dépendait le village de Riaz. On a prétendu que Riaz venait de "rota" la roue, comme Rue dans la Glâne. Mais Riaz n'a rien à voir avec la roue parlante de son blason, il faut rechercher l'origine de ce toponyme dans le terme celtique "rot" ou "rod" qui signifie un passage ou un chemin.

HFR au début du siècle L'Hôpital de Riaz au début du siècle

Riaz, cité épiscopale jusqu'à la réforme (900 - 1536)

Un acte daté du 11 novembre 923 nous informe d'un échange de terrain entre l'évêque de Lausanne Bozon et le comte Thurimbert d'Ogo et de Gruyères. Thurimbert avait construit une chapelle à Roda (Riaz) vers 859 et l'évêque lui donna en contrepartie certaines dîmes de Riaz attachées à l'église de Saint-Eusèbe de Bulo (Bulle).

Le dernier roi rodolphien de Bourgogne, Rodolphe III (993-1032) donna à sa femme Ermengarde, le 24 avril 1011, son fisc de Roda (fisc: trésor public). Cette dernière le céda à son fils Hugues, évêque de Lausanne, qui l'offrit à son tour au chapitre de la cathédrale de Lausanne. On peut affirmer avec certitude que c'est à cette époque que Riaz fut érigé en paroisse avec celle de Bulle, Vuippens et Echarlens, qui existait déjà.

En 1196, le village de Riaz fut le lieu de rassemblement de l'évêque et d'un grand nombre de seigneurs de la contrée. Ils y signèrent un pacte de non-agression. Il fut également traité ce jour-là des prétentions du comte de Gruyères sur les possessions de Bulle et de Riaz. Dès lors, le Chapitre de Lausanne posséda entièrement le village de Riaz.

Guerre contre le duc de Savoie

Un demi-siècle après la réunion de cette pacifique assemblée, les Fribourgeois et leurs alliés, en guerre contre le duc de Savoie, mirent le feu au village et à l'église de Riaz. L'évêque averti menaça de les excommunier s'ils ne réparaient pas les dommages causés. Ce monitoire est daté du 7 février 1252. La cité des Zaehringen s'empressa de donner satisfaction au chapitre de Lausanne.

La paix signée en 1196 entre le comte de Gruyères et l'évêque de Lausanne ne fut jamais sincère. De vieilles rancunes se réveillèrent et Pierre III de Gruyères, allié aux tourains, prit les armes et lutta contre les bullois ; ceux de La Tour vinrent même jusqu'à Riaz et incendièrent une partie du village en 1330. Cette fois-ci, heureusement, ce furent les Fribourgeois qui s'interposèrent et ramenèrent la paix en 1333.

Dès lors, Riaz connut un siècle de paix. Les riatins travaillèrent durement, défrichèrent les terres de l'évêque, mais ils vécurent en communauté largement autonome.

Traité de combourgeoisie avec Fribourg

Grâce aux guerres de Bourgogne, les bullois et les riatins unirent leurs efforts et nouèrent des relations suivies avec Fribourg. Tout en réservant leurs obligations envers leur évêque, qui habitait alors Lausanne, ils signèrent avec Fribourg, le 16 janvier 1476, un traité de combourgeoisie qui leur assurait protection en cas de conflit. Ce traité sera respecté jusqu'à la Réforme, en 1536, date à laquelle Berne déclara la guerre à la Savoie. Fribourg demanda aux Bernois de respecter le territoire de ses alliés et combourgeois.

Toutefois, l'évêque Sébastien de Montfaucon eut l'imprudence de soutenir les Savoyards et de prêcher la résistance aux Bernois qui, furieux, envahirent le Pays de Vaud. Avant de s'enfuir vers la fin mars 1536, l'évêque conseilla à ses sujets de remettre leur sort entre les mains de Fribourg et de garder ainsi leur foi. Les Riatins furent avisés verbalement par les Bernois de les reconnaître comme seuls maîtres.

Centre village au 19ème siècle Le centre du village à la fin du 19ème siècle

Riaz dans le canton de Fribourg jusqu'à la Constitution de 1848

Ce n'est que le 21 janvier 1537 que les Riatins prêtèrent serment de fidélité à leurs Excellences de Fribourg et entrèrent par ce fait même dans le giron de la Confédération, Fribourg étant depuis le 22 décembre 1481 le neuvième canton de la Suisse.

Archives de Riaz

Plusieurs parchemins enrichissent les archives de Riaz. Le plus ancien, en latin, date de 1290. Le premier droit que Fribourg cède à Riaz est signé le 6 février 1546. C'est l'octroi de l'ungelt qui permettait à la commune de prélever un impôt sur le vin vendu au village.

Un autre document signé Gurnel, le mercredi 13 mai 1556, retrace le procès-verbal de la vente du bois de Saint-Michel à la commune de Riaz par Leurs Excellences de Fribourg. Riaz a le droit de faire justice comme Bulle. Cette sentence est signée, par V. Thectermann, le vendredi 22 novembre 1583.

De nombreux documents nous informent en détail de tous les différends qui opposaient Riaz et ses voisins de Maules, Marsens, Vuippens, Echarlens et Bulle, bien sûr. Les baillis, revêtus de leur haute autorité, font régner l'ordre des forts. Mais des conflits éclatent avec leurs sujets. Ainsi, en 1709, une dispute envenime les relations de Riaz avec le bailli Georges-Pierre de Montenach qui se plaint à Fribourg. Les Souverains Seigneurs interviennent rapidement et la commune sera blâmée publiquement.

La Révolution française passe en Suisse. La conduite à suivre, inspirée de celle de Bulle, est dictée par les procès-verbaux de la commune. Voici le texte intégral du 13 janvier 1798: La commune de Riaz généralement convoquée a connu d'une voix unanime, dans les circonstances actuelles, de se conformer exactement aux précautions que l'honorable bourgeoisie de Bulle prend et prendra à l'avenir pour maintenir la sécurité publique.

Les troupes françaises à Riaz

Le 2 mars 1798, les Français occupent Fribourg. En 1798, le passage des troupes françaises à Riaz laissa de nombreuses séquelles. La troupe attirait dans son sillage une multitude de pauvres qui survivaient grâce aux cuisines des soldats, au cantonnement ainsi qu'à la chaleur des chevaux de trait. Les militaires partis, la présence des bâtards et des pauvres abandonnés sur place aggrave la situation financière de la commune. Pendant tout le XIXe siècle, le souci constant des autorités reste d'adoucir la misère des sans-logis et de secourir les pauvres. Les recettes fondent comme neige au soleil. " L'impôt volontaire des pauvres " est un échec. Le 2 septembre 1832, l'Assemblée communale et le Conseil d'Etat approuvent une levée d'impôts pour deux ans ; puis on revient à l'impôt volontaire jusqu'en 1853. Dès cette date, l'impôt obligatoire est renouvelé tous les trois ans jusqu'en 1873.

L'église de Riaz

L'église de Riaz fut détruite en 1252. Quand fut-elle reconstruite? En 1453, lors de la visite pastorale, le rapport épiscopal mentionne bien une nouvelle église avec trois autels. En 1800, les archives de Riaz nous informent du mauvais état de la tour et d'un ordre du gouvernement de la détruire. Une assemblée communale ne donna le feu vert à la construction d'une nouvelle église que le 30 juin 1816. Son édification dura environ dix ans et sa consécration eut lieu le 3 août 1828.

Une partie des frais de l'édifice fut payée par la vente de la célèbre forêt de la Joux du Piat. Cette forêt, derrière Châtel-St-Denis, s'appelle " La Joux de Riaz ". Elle se trouve en dessous du chalet du Gros-Plané, près d'un alpage appelé " Cheval-Brûlé ".

Cadastre

On doit au commissaire Chollet le premier cadastre de Riaz, en 1725. Il y avait à cette époque 56 maisons, 62 étables, 59 granges et environ 150 propriétaires. Le deuxième cadastre a été levé par le géomètre Alphonse Glasson, en 1845.

Ecole et Hôpital

Plusieurs bâtiments importants sont construits en ce début du XIXe siècle. On édifie l'école des garçons à côté de la nouvelle église. Le deuxième bâtiment de l'hôpital actuel est construit en 1803 par le père du conseiller d'Etat Hubert Charles. Il est vendu par l'héritier de Monsieur Charles à l'administration de l'hôpital de la Gruyère en 1885. Un agrandissement en 1936 et de coûteuses transformations sont entreprises pour le bien des malades. En 1986, soit cent ans après son ouverture, nos autorités envisagent sérieusement une nouvelle construction.

Riaz de 1848 à 1966

Il y a trois districts en Gruyère à cette époque : Bulle, Corbières et Gruyères.
La Constitution de 1848 les rassemble en un seul district : la Gruyère qui a pour axe nord-sud Pont-la-Ville - Montbovon.

Fait nouveau le 18 mai 1895: le Conseil communal, élu le 5 mai, se constitue lui-même. Pour la première fois dans le canton, le syndic est nommé par le Conseil communal. C'était jusqu'à cette date une prérogative du Conseil d'Etat.

A la fin du XIXe siècle et au début du XXe, la commune acquiert des propriétés qui lui permettront, grâce aux forêts, d'être une des communes les plus prospères du canton. N'a-t-elle pas été longtemps jalousée, elle qui s'est offert le luxe de se passer d'impôts pendant un siècle ?

En 1966, pour la deuxième fois de son histoire, le renouvellement du Conseil communal se fait à la proportionnelle. Fait nouveau, un syndic non bourgeois préside la commune. Pour la première fois depuis 1873, l'assemblée communale vote, en 1965, le prélèvement d'un impôt à partir de 1966.

La paroisse, qui avait levé un impôt en 1881, pour trois ans seulement, fut contrainte en 1955 de récidiver malgré des revenus de 4'750 francs accordés annuellement par la commune depuis 1919. Il faut préciser qu'en 1956, elle s'attaque à la réfection du clocher de l'église.

Les années 1959 - 1968 resteront dans la mémoire de tous les habitants. Plusieurs incendies suspects, sept au total, sèment l'anxiété dans la population. Des rondes nocturnes sont organisées un mois entier sans résultat.

Les hommes célèbres

Riaz est le berceau d'hommes célèbres et illustres. La famille Duding a donné à l'Eglise plusieurs prêtres et deux évêques. Le plus connu est Claude Duding (1681-1745). Le notaire Michel Guy (famille éteinte) recueille dans un ouvrage, dès 1732, tous les documents importants de la commune. Le docteur Maxime Clerc, syndic de Riaz en 1830, est le bienfaiteur des pauvres. Organiste à l'église, il fait don d'un orgue à la paroisse. Il meurt à l'âge de 78 ans.

Hubert Charles (1793-1882), contemporain du docteur Clerc, homme de caractère aux convictions profondes, devient juge en 1819. Il est aussi l'auteur de la nouvelle Constitution fribourgeoise, née de la guerre des bâtons. Il démissionne du Conseil d'Etat en 1846, car il refuse d'accepter l'adhésion de Fribourg à la ligue du Sonderbund. Il entre à nouveau au Conseil d'Etat en 1857, fonction qu'il garde jusqu'en 1871. Sa dépouille repose au cimetière de Riaz.

L'abbé Jean Gremaud (1823-1897), homme d'une rare intelligence, fut professeur d'histoire et premier recteur de l'Université de Fribourg. Il était très apprécié, sa parole fut applaudie et sa science admirée. Il est mort le 20 mai 1897 et est enterré à Riaz.

Des personnalités bien connues

Des artistes, natifs et résidents, ont porté très loin le nom de notre village et méritent notre admiration. Il font retentir le nom de Riaz bien au-delà des frontières du canton, que ce soit par leur art et leur talent en peinture et littérature (Xavier de Poret, Netton Bosson).

Le comte Xavier de Poret (1894 - 1975) était un peintre animalier, portraitiste de race et illustrateur averti de la faune alpine. Quelle sûreté dans son coup de crayon, quelle touche délicate, quelle virtuosité dans le sujet traité et quelle subtilité dans le rendu de ses croquis montagnards. L'artiste, né en France, s'est établi à Riaz en 1940 dans un château, celui des évêques Duding, en Plaisance.

Netton Bosson (1927 - 1991) habitait une vieille ferme où il avait aménagé son atelier rustique sous le toit. Il manifestait dans son art une personnalité très accusée, ennemie résolue du conventionnel. De Paris où il étudia les beaux-arts, il ramena voici bientôt deux lustres, une série d'œuvres originales d'une richesse étonnante qui révélèrent un métier déjà sûr. Le talent de l'artiste est à la fois naïf et mordant, d'un réalisme déroutant et passionnant à la fois, d'une originalité surprenante et d'une grande diversité. Il utilisait la plume, le pinceau, la gouache, l'huile ou la craie avec bonheur et dextérité.

Monuments historiques

Riaz peut se prévaloir d'inscrire, dans l'inventaire des monuments historiques, de splendides fermes et immeubles qui enrichissent son patrimoine architectural. On peut consulter cet inventaire au secrétariat communal.

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